Finaël

(Textes RP)



Avant-propos

Vous ne trouverez ici qu'une petite partie des textes qui ont été écrits tout au long de l'existence du personnage de Finaël. Bien que je ne me sois jamais amusé à les compter, il doit y avoir pas loin d'une centaine de textes de différentes longueurs.

Beaucoup n'ont que peu d'intérêt une fois qu'ils sont sortis de leur contexte. C'est pour cette raison évidente qu'ils ont été écartés. Seuls donc les textes que j'ai jugé plus "absolus", c'est à dire moins dépendants de leur contexte, aparaissent ici. Ils sont plutôt de nature poétique en général.



Un rire et un chant pour ne pas oublier...

Il a marché longtemps sous les étoiles. Mais le tumulte demeure. Nulle paix en nul endroit. Aux franges de sa conscience, un combat fait rage. Tout son être s’est dressé face à la menace, s’opposant à la volonté qui menace de submerger la sienne.

Celui qui avance dans la neige n’est qu’une ombre. Le sabre à la main, il attend. Il n’a nulle part où aller. Il ne ressent ni chagrin, ni joie, ni espoir. Il n’y a plus rien en lui pour éprouver ces sentiments. Il écoute. Le vent souffle.

Parfois c’est un rire qu’il entend. Alors il voit s’avancer une elfe sur un ancien chemin. Il y a une fontaine et un rire clair qui chante. Et ce mot qui résonne étrangement à ses oreilles…Ada…

Parfois c’est un chant qui le guide sur des sentiers inconnus. Alors de nouveau la lumière existe quand ce regard étoilé se pose sur lui.

Mais en cet instant, le vent reste silencieux.Un crépuscule de feu ensanglante les montagnes.
Alors, bercé par un rire qu’il ne peut oublier, pour habiller le silence glacé,il murmure ces paroles d’un chant qu’il ne comprend pas et qui cependant éveillent en lui de lumineux échos :

- Man dîr pada mi ôl nín ?
- I dhîr i darthannel
- Qui marche dans mon rêve ?
- Celui que vous attendiez.
- Pado voe,
A brona aen ôl nín anann.
- Marchez doucement,
Que dure mon rêve éternellement.
- Iston i thîr lín
- Im i nathron en-elei,
Pannen nuin giliath.
- Je connais votre visage.
- Je suis le Tisseur de Rêve.
J’ai marché sous les étoiles.
- I thîr nín naer.
- Sogathon i nîn lín.
- Mon regard est triste.
- Je boirai vos larmes.
- Sír i 'gwest nín ú-estel.
- Telin na minuial
- Mon serment était espoir autrefois.
- Je viens avec l’aurore.
- I ôl mín dôl na methed ?
- Law, mell nín, sí naid bain heriar
- Est-ce notre rêve qui s’achève ?
- Non, Bien-Aimée, car ici, tout commence.
(Un grand merci à Silvagol pour cette traduction en Sindarin)


L'art du combat...

La neige scintille sous la clarté des étoiles.
Un froid vif impose son silence à ce monde minéral.

Ils sont là. Face à face.
Leur lame reflète parfois un fugitif éclat de lune.

Défi.

Ils sont immobiles, Guerriers Antiques auréolés d’une douce lumière.

Soudain, dans une fulgurance imprévisible, les lames sifflent dans l’air glacé.
L’acier tinte.
Parade. Feinte. Esquive.
Leurs pas comme une danse.

Ils rompent le combat, s’observent.
Comme des fauves ramassés sur eux-mêmes
Avant l’attaque foudroyante.

Etrange. Ils se sourient.
Leurs yeux trahissent une tendresse infinie.
Mais leur main tient le fer sans faiblir.
Le corps rompu à l’art du combat guette l’instant favorable.
Instinct.

Cependant que leurs regards semblent s’étreindre,
Vient une nouvelle attaque.
Vive, précise, meurtrière.
Les lames chantent encore.

L’Elfe esquive, pivote sur lui-même.
A l’instant où sa lame va se poser sur la gorge de sa compagne,
Reflexe ultime. Impensable prouesse.
Le fer de la Guerrière stoppe net la lame de l’assaillant.

Les lames croisées encadrent leur visage.
Leur buste se frôle.
Le vent mêle leur chevelure
Et leur haleine se fond dans un unique souffle.

Reculer est impossible. Ils le savent.
A nouveau ils se sourient.
Et au même instant,
Harmonie et communion, ils ferment les yeux.

Imperceptiblement, ils basculent l’un vers l’autre.
Leurs lèvres se rencontrent.
Serment renouvelé, présent d’Eternité.

A regret, leur visage s’écarte enfin.
Ils ouvrent les yeux.
Leur regard monte ensemble vers les étoiles.
Et leur rire, ivre de joie et de vie,
S’élève clair dans la nuit glacée.

Un nuage passe haut dans le ciel.
La lune se voile.
Quand l’astre nocturne se libère de l’ombre,
Il n’y a plus rien, que la neige et le vent.

Et sans doute,
Dans la silencieuse mémoire du temps,
Un songe lumineux qui défie l’oubli.



Une chevauchée dans la nuit...

A nouveau libres sous le ciel, ils s'enfuirent dans la nuit comme s'ils connaissaient le chemin qui mènent aux étoiles.

Loin sur les sommets, leur course connut un répit. Leur regard embrassait un horizon vaste et limpide. Alors il chanta. Sa voix s'élevait claire dans l'ombre. Elle sourit, elle connaissait ce chant. Il racontait leur destin, elle savait que son compagnon lui rendait hommage. Leurs regards s'unirent, elle écouta ces paroles qui, il y a plus mille ans, étaient nées sur les rivages de l'Océan :

Qui parle dans l'ombre ?
Est-ce le Gardien d'antan
Qui pleure les jours anciens
Et désespère dans la solitude ?

Que ton coeur se réjouisse, Veilleur,
Un Gardien est venu à l'Ouest,
Il porte l'Anneau de Lumière
Et son chant résonne à nouveau
Sur le rivage...

Repose en paix, Veilleur,
Et vois sous les grands arbres
L'Etoile du Matin qui s'avance.
Elle connaît la Voie
Et un mumure s'élève dans son sillage :
"Voici la Dame de Ceven Galad !"



Les neiges éternelles...

Une longue course pour venir jusque là. Loin de tout, près du ciel.

Le vent.

La lumière.

La pureté.

Rien de vivant ici. Le règne du minéral, l'étreinte du froid. L'immensité d'un ciel limpide.

Solitude extrême, absolue perfection.

Un silence éternel qui questionne l'âme et habille le regard d'infini.

Alors, il brandit son épée. Comme si par ce geste, il touchait enfin le ciel.

Rabaissant son arme, il fit face à l'Ouest.

La mer chantait là-bas, près du rivage.

Un bateau, une plage, une terre de lumière.

Un chemin, couleur de rêve.

La Voie du Gardien.



L'enfant et le guerrier

En cette fin d'après-midi d'été, le ciel était radieux. Quelques nuages semblaient fuir en riant au fond du ciel qui, de temps à autre, était traversé par le vol lent d'un oiseau marin. La mer s'étirait lascive et les vagues langoureuses troublaient à peine son sommeil. La brise répandait en toute part une agréable légèreté. Alors qu'il traversait d'un pas tranquille la place de Mithlond, un enfant qui courait joyeux dans l'air lumineux, fit un faux pas et tomba juste devant lui. Il fit un pas et mit un genou à terre pour relever l'enfant. Celui-ci regarda son aîné, impressionné, comme s'il se demandait s'il était permis de pleurer en sa présence. Le guerrier, comprenant son désarroi, lui sourit en lui effleurant la joue de sa main gantée.

- Et si nous regardions cette blessure ?

Timidement, l'enfant fléchit le genou droit, présentant une estafilafe qui saignait légèrement. Sortant un linge blanc de son sac et retirant ses gants, l'elfe entreprit de nettoyer la blessure bénigne. Ensuite, il prit un peu de baume cicatrisant avec lequel il enduisit délicatement le genou .

- Voilà. C'est fini.

- Ta main est chaude et cet anneau que tu portes...est étrange....dit l'enfant.

- Il porte la lumière.

L'enfant sentit obscurément que le ton de cette réponse lui intimait le silence, aussi n'insista-t-il pas.

- Merci Finaël, finit-il par répondre.

- Tu connais mon nom ?

- Oui, répondit l'enfant fier d'avoir éveiller la curiosité du combattant. Souvent je te vois arriver aux portes de la ville. Ton armure brille sous le soleil même quand elle est sale.

L'elfe lui sourit sans rien ajouter. Il se disposait à s'éloigner quand l'enfant reprit :

- Tu es un héros...n'est-ce pas ?

Après un bref instant de silence, le guerrier répondit :

- Je suis Finaël et je vais mon chemin. J'ignore ce qu'est un héros. Ce sont les légendes qui font les héros.

L'enfant sembla méditer cette réponse quelques instants et poursuivit sur un tout autre registre.

- Tu as une amie ?...Enfin, je veux dire, une Dame qui est ta compagne...

Finaël sourit et inclina légérement la tête de côté :

- Tu es une petite personne bien curieuse...

- Tu n'as pas répondu à ma question, rétorqua l'enfant sans se démonter. Il n'était visiblement plus impressionné. Je t'ai vu, poursuivit-il, sourire et parler à une Dame, belle comme la lumière, là, près de la fontaine. Sa petite main désignait un endroit précis à quelque distance.

- C'est bien possible, lui répondit le guerrier en riant. Toutes les Dames qui vivent près des Havres sont immensément belles.

Alors soudain, l'enfant passa les bras autour du cou du guerrier qui était toujours accroupi, un genou à terre, et approcha ses lèvres de son oreille et lui chuchota un nom. Il se recula vivement ensuite, comme s'il tenait à vérifier l'effet produit.

- C'est elle n'est-ce pas ? avec impatience.

- Me permets-tu de garder ce secret pour moi ?

L'enfant le dévisagea avec une moue hésitante puis finit par ajouter :

- D'accord.

- C'est très généreux de ta part, merci.

Un sourire illumina le visage de l'enfant. A genou, un guerrier venait de le remercier d'une grâce accordée. Sa poitrine se gonfla de fierté et il ne regretta pas son choix. Il se souviendrait toujours que le respect qu'il accorderait à l'autre le ferait grandir.
Puis, avec cette aisance qui leur appartient, l'enfant passa soudain à tout autre chose.

- Allons nous promener au bord de l'océan !

L'enfant prit la main du guerrier, ne songeant même pas à la possibilité que celui-ci puisse refuser, et l'entraîna vers le rivage.

- Tu sais pourquoi je t'emmène vers la mer ? questionna l'enfant.

- Parceque tu aimes voir les vagues danser ?

- C'est vrai, mais ce n'est pas la bonne raison.

- Alors, je l'ignore, dit Finaël.

- Tu n'es pas très malin, c'est pourtant facile, affirma l'enfant avec un applomb déconcertant.

L'elfe sourit, n'ajoutant rien et se laissant conduire docilement. L'enfant s'arrêta une fois le rivage atteint et sans lâcher la main de son aîné, lui dit en se tournant vers lui et en le regardant :

- Je t'ai emmené ici parceque c'est ta place.

- Ma place ? Mais que veux-tu dire ?

Brindelon soupira comme s'il était pénible d'énoncer des évidences à un esprit lent.

- Tu sais, je t'observe souvent. Tu passes ici des heures, des jours entiers à regarder la mer. Souvent tu chantes.

Il marqua une pause puis reprit :

- Je devrais dire : tu chantais...car à présent souvent quand je viens, le rivage est désert et je n'entends plus ta voix.

Finaël garda le silence. Il sentait peser dans la voix douce de l'enfant, le regret, l'ombre d'un reproche. Ce dernier poursuivit :

- Il arrive encore parfois que tu viennes ici...mais tu passes sans t'arrêter, un sac sur l'épaule et tu marches vers le bateau, là-bas, et je reste longtemps sans te revoir.

- C'est vrai, admit le guerrier.

- Où t'emmène ce bateau ?

- Loin vers le sud.

- Tu es étrange Finaël... et tes réponses aussi... Quand tu reviens de ces voyages, quelque chose semble briller à travers toi...une lueur comme celle qui scintille à ton doigt...M'emmèneras-tu un jour ?

- Peut-être, quand le temps sera venu.

- Assieds-toi dans l'herbe avec moi.

A peine installés, l'enfant se blottit contre le guerrier et lui demanda :

- Chante comme tu chantais autrefois, je veux entendre encore ta voix avant que tu ne partes.

Le guerrier laissa courir sa main sur le front de l'enfant, jouant avec ses mèches rebelles et sa voix s'éleva claire dans le soir qui naissait. Les paroles venaient à ses lèvres comme son souffle, sans effort, des paroles qui furent chantées pour la première fois, il y a bien des vies d'homme :

Dans les brumes naissantes,
Comme un rêve qui naît du silence
Comme un souffle qui passe sur un rivage
Une larme d'Etoile coule de ma pensée...

Je veux me souvenir
Des Royaumes Célestes
Des frissons de l'Abîme
D'un visage de lumière...

Bien avant que son chant ne s'achève, l'enfant s'était endormi, un sourire paisible sur ses lèvres. Alors le guerrier se redressa en soulevant l'enfant avec une infinie douceur. Face à la mer, il portait dans ses bras le plus fabuleux trésor qui soit, un trésor qui méritait d'être défendu quelqu'en soit le prix. Au bout de l'horizon, un soleil rouge embrasait l'océan. Il était tard déjà, les parents de Brindelon allaient s'inquiéter. Il se retourna lentement et marcha vers la demeure de l'enfant.



Le chant du loup (adressé à Nimreal, un grand loup du Nord, compagnon de Finaël)

*Dans un murmure son chant s'éléva, hésitant presque, mélancolique*

Souviens-toi
Des crépuscules de feu
Des aubes glacées
Des courses folles à travers les plaines...

Des rivages blancs d'écume
Aux neiges éternelles,
Nos souffles mêlés
Sur les sentiers de la terre...

Nos silences vivants
Au long des jours sans heure,
L'indicible joie des aurores
Baignées de lumière...

*Et dans un souffle il prononça ces mots comme une prière*

Que je puisse entendre
Une fois encore
Ton cri porté par le vent du nord...

Souviens-toi d'Olosta...

*Il demeura ainsi
Sur l'étendue blanche et glacée,
Insensible à la morsure de la bise.
Seul le vent qui agitait par instant
Sa chevelure ou sa robe
Trahissait cette présence insolite
Au milieu de cette immensité vide...

Un être solitaire
Sans âge et sans nom
Qui écoutait le silence...*



Chevelures d’écume sous les étoiles (texte "disparu" posté sur le forum de CTM)

Une rumeur étrange et merveilleuse courait ce jour-là aux Havres. On racontait en effet qu'un homme avait posé un
parchemin roulé devant les portes de Mithlond comme un présent, au lever du jour, avec une étrange annotation qui
disait en langue commune : "A remettre aux Gardiens".

Dame Neaniel, à qui on avait remis cet étrange document, avait envoyé une personne de confiance pour tenter de
retrouver l'auteur de cet insolite message. L'homme avait pu être découvert non loin de la ville, marchant comme un
somnambule, le regard habillé de rêve, souriant comme un enfant qui aurait vu une ineffable merveille.

L'elfe qui avait été chargé de le retrouver eut bien du mal à reconstituer un récit cohérent devant les propos décousus de
l'homme encore en proie au songe éveillé qui l'habitait.

Voici donc ce que l'on put apprendre des paroles de cet homme.

Fasciné par le peuple des elfes, l'homme serait arrivé peu après la tombée de la nuit aux abords de Mithlond après un long voyage. Il aurait erré aux abords de la ville n'osant frapper aux portes de la cité pour demander l'hospitalité. Ses pas l'auraient ensuite mené vers les rivages et c'est à ce moment que serait arrivé l'indicible.


Il aurait entendu des rires cristallins portés par le souffle de la nuit et se serait approché du rivage. A partir de là, il fut difficile de comprendre ce qu'il disait.

D'après lui, il aurait vu une couple d'elfes marchant...plutôt dansant même, selon lui, dans les vagues. Ils riaient
comme auraient ri des enfants puis ils se sont enlacés avec une exquise tendresse.

Ils ne semblaient pas être faits de chair et de sang, mais ils scintillaient au clair de lune comme s'ils étaient faits d'écume cristalline. Leurs voix, étrangement, se mêlaient au murmure des vagues, en harmonie totale avec ce qui les entouraient, leurs gestes mêmes, possédaient la douce sensualité des mouvements ondulants de la mer.

L'homme crut tout d'abord qu'il était victime d'une illusion, croyant qu'il ne s'agissait que des reflets d'argent qui dansaient sur les flots. Pourtant il vit sur la grève, des robes légères qui avaient été abandonnées à même le sable mouillé, preuve irréfutable que ses sens n'étaient point abusés. Il vint à songer que ces vêtements n'étaient que des chrysalides dont les créatures venaient de se libérer.

Bien que ce spectacle fut le plus merveilleux de ce qu'il lui fut donné de voir, une étrange force le poussa néanmoins à s'éloigner, une forme de respect inné devant quelque chose qu'il ne lui appartenait pas de contempler. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'homme s'arracha de sa contemplation et reprit une marche erratique, l'âme ravie et inondée d'une douce lumière.

Ainsi alla-t-il, extatique, sous les étoiles. Puis, au moment où l'aube naissait, il fit une autre rencontre, comme si le destin n'en avait pas encore fini avec lui.

Il vit un couple majestueux sortir de la ville, ils semblaient nimbés de lumière et bien qu'ils marchaient simplement l'un à côté de l'autre une incompréhensible évidence montraient la force du lien qui les unissait plus sûrement que ne l'aurait fait le plus tendre des gestes ou la plus délicate des attentions.

Par une inconcevable intuition, l'homme sut qu'il venait de retrouver le couple qu'il avait vu dans la mer, enlacé sous les étoiles. L'homme figé dans une immobilité absolue, buvait des yeux ce spectacle surnaturel car jamais il n'avait vu chose plus simple et plus pure que ces deux elfes marcher dans la blafarde lumière de l'aurore comme s'ils s'avançaient à la rencontre du soleil.

Il émanait de ces deux êtres une douceur insoupçonnable et pourtant l'homme savait dans le même temps qu'il avait devant les lui les créatures les plus dangereuses qu'il lui avait été donné de rencontrer. La puissance latente qui sommeillait dans ces êtres de lumière les rendaient presqu'irréels.

Sans le savoir, l'homme puisait un savoir inexplicable dans la grâce qui lui avait été accordée par le destin. Il sut que l'amour qui unissait ces deux êtres dépassait de beaucoup leur simple personne. Cet amour semblait se prolonger dans une destinée commune qui faisaient d'eux des...Gardiens. Ce terme lui vint à l'esprit comme s'il s'agissait encore une fois d'une évidence.

Mais Gardiens de quoi ?

Quelle inestimable splendeur venue du fond des âges pouvaient être protéger par de tels êtres ?

L'homme savait qu'il avait atteint les limites de ce qui lui serait dévoilé. Aussi regarda-t-il résigné le couple s'évanouir dans la brume matinale comme s'ils regagnaient des lieux éthérés d'où ils étaient issus.

A l'instant où ils disparaissaient, l'homme se mit à fouiller fébrilement dans son sac. Il en sortit un pinceau et quelques petits récipients contenant des encres de couleur ainsi qu'un vélin qu'il déroula soigneusement sur ses genoux. Il se mit à l'ouvrage sans l'ombre d'une hésitation. A l'instant où les premiers rayons du soleil perçaient, il achevait son travail. Il attendit quelques instants que l'encre sèche, puis il retourna le vélin et inscrivit au dos ces quelques mots :

"A remettre aux Gardiens".

De nouveau il attendit que sèche l'encre, il roula soigneusement le parchemin et le déposa juste devant les portes de la ville et disparut sans plus attendre.

On dit que ce parchemin contient une gravure où l'écume des vagues se transforme en deux êtres tendrement enlacés, scintillants comme de l'argent dans la clarté nacrée des étoiles.



Les ruines d'Ost in Edhil

En ce lieu mythique où tout semble n'être que ruine et désolation, parfois s'élèvent d'étranges murmures, paroles d'antan, immortel hommage au Peuple des Orfèvres :

Dans les grands arbres, seul demeure un long murmure,
Rien qu'un peu de vent et l'ombre des souvenirs.
L'aurore ne fait plus frémir la pâle verdure
Des antiques jardins hantés de longs soupirs.

Quelques pierres tombées, vestiges des vieux murs,
Témoignent d'un passé qui n'a plus d'avenir.
Le long cri d'un oiseau qui sillonne l'azur
N'éveille aucun frisson, ne se mêle à aucun rire.

Et pourtant, quelque part, sous l'ombre des ramures
Chante la magie des lames et des armures,
Des joyaux d'antan qui n'ont pas cessé de luire.

Dans le silence et l'oubli, dans la nuit obscure
Un guerrier d'antan à la longue chevelure
Veille, et son chant s'élève comme un triste soupir.



à suivre...