BACKGROUND

Finaël et Ceven Galad

( adpatés pour JRTM )

( NB : Ceven Galad n’existe pas chez Tolkien, ce lieu a été imaginé par nos soins et communément abrégé en HRP par TDL (=Terre De Lumière).)

Il s'agit ici d'une reprise des BG déjà existants mais réadaptés pour le "jeu sur table" en fonction de certains critères déterminants : l'âge du personnage, l'époque où se déroule la campagne et la "classe" du personnage.

Ceven Galad

Ceven Galad, La Terre de Lumière en langage commun, est un Havre Elfique situé dans le Harlindon, au sud de l’Ered Luin (Les Montagnes Bleues), cerné de toute part par les montagnes et faisant face à la Grande Mer. On n’y accède donc essentiellement que par voie maritime, au prix de grands périls, puisque des écueils et des hauts-fonds en rendent l’approche difficile. Certaines légendes affirment qu’une voie terrestre existe encore ou aurait existé.

A l’instar de Foncombe, Ceven Galad fut fondé à la même époque, en 1697 du 2A, par les Gwaith-i-Mírdain, du moins par une partie des survivants qui ne suivirent pas Elrond. Ils s’établirent en ce lieu qui, déjà au Premier Age, avaient accueilli des Elfes. Ce Royaume recelait un grand pouvoir naturel qui était lié à la Lumière Originelle. Le Peuple des Forgerons, qui avait déjà créé des merveilles, travailla à restaurer et à donner toute la splendeur à ce Pouvoir des Origines.

Bien que l’on parle de Royaume, il n’est pas question de Rois, car les fondateurs de Ceven Galad firent le serment de protéger et rester au service de cette Lumière afin qu’elle perdure à travers les Ages pour apporter espoir et consolation à tous les Peuples Libres. Ils forgèrent donc 3 Anneaux de Gardien et 7 Anneaux de Protecteur qui devaient se transmettre au cours des siècles. Ces Anneaux ruisselaient littéralement de ce Pouvoir naturel et amplifié lié à la Lumière. C’est pourquoi, on les appelle parfois aussi les Porteurs de Lumière. Cet aspect est également renforcé du fait que ces Elfes vivaient à proximité de ce pouvoir qui peu à peu les imprégnait et leur donnait une aura toute particulière.

Ce refuge fut laissé à l’abandon presque pendant plus de 1 000 ans, non sans qu’auparavant les accès aient été soigneusement scellés. En effet, suite à la grande bataille qui clôtura le Second Age, la Bataille de la Dernière Alliance, peu de survivant revinrent à Ceven Galad et ceux-là désiraient plus que tout rejoindre enfin les Rivages Eternels.

Ceven Galad et son Gardien de Pierre plongèrent donc dans le Grand Sommeil. C’est aux alentours des années 1 200 de notre Age qu’un Gardien fut révélé et qu’il redécouvrit la Voie qui menait à Ceven Galad et au Cœur de Lumière. Cet elfe avait pour nom Finaël. Nul doute n’était permis, car il portait Hyandacalë, l’épée de Lumière, l’épée du Gardien, celle que Tanendë fut le premier à brandir. Mais son destin était lié à une Dame par qui l’Anneau du Gardien serait à nouveau connu.


A ce jour, Ceven Galad se voit protégée par 3 Protecteurs :

- le Seigneur Synelas

- le Seigneur Saelbeth

- Dame Elvawen (celle qui transmit l'Anneau du Gardien à Finaël)


et 1 Gardien :

- le Seigneur Finaël


Finaël est secondé par Dame Douleya, sa fille, également Porteuse de la Pierre de Guérison.

Dame Douleya, en tant que fille de Finaël, est également reconnue comme Gardienne de Ceven Galad.


Finaël

En ce qui concerne l'histoire de Finaël, la première source provient du Seigneur Lenwë, Maître des Chants à Ceven Galad, un elfe Noldo, ami proche de Finaël.

La seconde source provient de Maître Aléas, un barde humain, qui fit la rencontre de Finaël et de la Communauté des Tisseurs probablement aux alentours des années 1 350 du Tiers-Age.

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I- L'histoire de Finaël selon Lenwë, Maître des Chants de Ceven Galad. (Rédigée en l'an 1263 du 3A)

En cette année 1263 de ce Troisième Age, je prends la décision d'écrire l'histoire du Seigneur Finaël. Plusieurs raisons me poussent à prendre cette initiative. Tout d'abord parce que la nature de cet Elfe secret qui ne se livre guère aisément, préférant de loin le silence profond de la pensée ne facilite guère la connaissance de ce qu'il est et de ce qu'il fit. Mais, après tout, s'il ne s'agissait que de lui, ce récit n'aurait peut-être que peu d'intérêt.

La seconde raison qui est de loin la plus impérieuse, c'est qu'à travers lui, tout un pan de notre histoire apparaît, ainsi que la source d'un Pouvoir Ancien qui, en ces sombres années, peut et aura sans doute un rôle à jouer pour combattre et peut-être anéantir à jamais l'Ennemi.

Je vous demande d'être indulgent en lisant ces lignes, car bien des choses sont restées encore dans l'ombre et parfois, je ne puis me risquer qu'à émettre des conjectures et suppositions. Bien qu'étant l'ami du Seigneur Finaël, je suis loin de tout connaître à son sujet et il est des aspects de son histoire qui me resteront à jamais inaccessibles car des secrets me sont inconnus et n'ont pas à être portés à ma connaissance.

Finaël naquit donc probablement quelques siècles après la grande bataille qui clôtura le second âge, la Bataille de la Dernière Alliance. Son père Galathel y participa et fut assez grièvement blessé. Suite à cette grande bataille, Galathel et Himrel rejoignirent donc les Havres Gris où Finaël vint au monde. Ils demeurèrent en ces lieux quelques siècles avant de partir pour la Lorien. Finaël y découvrira, entre autre, l'art du tir à l'arc et recevra l'enseignement des Grands Maîtres. C'est à cette époque également, sans aucun doute, qu'il apprendra énormement à propos de son Peuple et de la Terre du Milieu. Tant par les chants et manuscrits que par la parole des Anciens. Bien qu'il ait reçu aussi les rudiments du combat à l'épée, cette discipline sera laissée de côté pour se consacrer totalement à l'arc. Une fois la maîtrise d'un art atteinte, le plus souvent après quelques siècles, l'apprentissage d'un second prend la relève.

Très vite, les parents de Finaël marquent une lassitude et mélancolie grandissantes. Ils rêvent de faire voile pour Aman mais s'y refusent en raison de leur fils qu'ils ne veulent pas abandonner sur la Terre du Milieu. Finaël constatera rapidement la mélancolie de ses parents et devinera facilement leur rêve. Il fera tout pour les convaincre de suivre leur voie en les rassurant sur son compte. Ce n'est qu'une séparation temporaire. Ne sont-ils pas voués à se retrouver un jour aux pays des Valar ?

Galathel et Himrel finiront par se rendre aux arguments de Finaël et vogueront vers les Terres Immortelles. Toutefois, avant le départ, il semblerait, car ici je ne fais que supposer à partir de fragments d'informations, que Galathel lui confia Hyandacalë, l'Epée de Lumière appelée aussi parfois l'Epée du Gardien ou l'Epée du Porteur de Lumière. Apparement il ne donna aucune indication précise à Finaël hormis que son destin l'attendait à l'Ouest. Volonté délibérée de laisser Finaël tracer son chemin par lui-même et ainsi de s'en rendre digne ? Absence d'informations précises ?...Ou peut-être bien les deux à la fois...

Galathel n'était pas le porteur de Hyandacalë mais celui qui en avait la garde, celui à qui elle avait été confiée pendant "l'Oubli". Selon une vieille légende, l'Epée de Lumière ne devait pas se transmettre de père en fils comme beaucoup l'ont cru, mais de Gardien en Gardien. Il apparaît dès lors évident que Galathel avait reconnu en son fils, pas seulement son descendant mais surtout celui qui était appelé à faire renaître la lignée des Gardiens.

Quel signe indubitable avait permis au Seigneur Galathel de reconnaître en Finaël celui qui devait brandir Hyandacalë, je l'ignore. La seule chose que je puis me permettre d'évoquer à ce propos, est cet antique chant entendu une fois qui racontait qu'un elfe naîtrait de la mer et qu'il en porterait la marque dans sa chevelure qui serait blanche comme l'écume des vagues. Or il advint que Dame Himrel choisit d'appeler son fils Finaël, ce qui signifie en langue commune, chevelure d'écume. On disait qu'enfant, il passait de longues heures à jouer dans la mer et que fatigué, il s'endormait sur le sable, sa chevelure se mêlant à l'écume des vagues qui venait murmurer à l'oreille de l'enfant d'immémoriaux secrets. Certains disaient en riant, en manière de gentille moquerie, que cet elfe n'était pas de Galathel et d'Himrel mais né de la mer. Et sans le savoir, ils faisaient advenir ce que disait la légende.

Galathel et Himrel partirent donc accomplir le Grand Voyage par delà la mer et Finaël, Hyandacalë fixée sur son dos, aux côtés de son carquois prit la route de l'Ouest.

A partir ce jour nul ne sait ce qu'il advint de Finaël. Sans doute marcha-t-il vers l'Ouest comme le lui avait recommandé son père. Elfe solitaire pendant plusieurs siècles, parcourant les chemins, ombre parmi les ombres, personne ne sait où ses pas le conduisirent. Ce dont je suis sûr cependant, c'est qu'il apprit, au cours de ces siècles de solitude, le prix et le goût du silence. Ces années façonnèrent son regard si particulier, ce regard gris-vert qui semble passer au travers de vous quand il pose ses yeux sur vous, comme s'il scrutait un indéfinissable horizon.

Ce n'est que vers les années 1 000 de notre Age, peut-être un peu avant, qu'il apparut aux abords des Havres Gris. Abandonnant progressivement sa vie solitaire pour rejoindre peu à peu ceux de sa race. Il se présenta comme un elfe solitaire, un voyageur et jamais il ne fit allusion à ses origines et répondait de manière évasive quand on abordait ce sujet. C'est à cette époque que nous fîmes connaissance et qu'il se lia d'amitié avec quelques frères et soeurs qui vivaient dans la région : le Seigneur Saelbeth, Dame Mitheryn, Dame Elvawen, le Seigneur Synelas, le Seigneur Elwë pour les principaux. Parmi eux, hormis le Seigneur Elwë qui retourna en Lorien, tous découvrirent Ceven Galad sur l'invitation de Finaël et décidèrent d'y lier leur destin. Ils seront les Seigneurs et Dame Protecteurs de Ceven Galad.

Pour ma part, je proposais à Finaël de l'aider à restaurer ce Havre et à retrouver son passé et ses mystères. Ma proposition l'enchanta et renforça entre nous le lien d'amitié naissant. Avec du recul, je crois que Finaël me témoignait un respect proche de celui que pourrait avoir un fils envers son père. Il est vrai que je suis son aîné de beaucoup. Mais, aussi amusant que cela puisse sembler, l'inverse n'était pas vrai. Je n'ai jamais vu en Finaël un fils, sauf sur quelques aspects et très inconsciemment. Il est et restera pour moi le Gardien, un être jeune en apparence et en réalité pour un elfe mais avec cette indéfinissable marque du destin qui le fait apparaître comme un être sans âge, à la fois jeune et ancien. Chose assez troublante au demeurant.

Je ne saurai dire le nombre d'heures et de jours passés ensemble à fouiller le passé mystérieux de Ceven Galad et ses ramifications qui nous faisaient traverser les Ages et rencontrer les mystères et les magies les plus puissantes qu'Arda n'ait jamais connu.

Très vite il s'est avéré que Ceven Galad ne pourrait retrouver sa puissance et sa beauté originelle que si l'on retrouvait ce qui en était en grande partie à l'origine. Dès lors le Gardien avait repris son apparence de voyageur solitaire et anonyme, et, armé de son arc, se mit en route. Il partait sur les chemin en quête du trésor perdu de Ceven Galad. En effet certaines choses avaient été mises à l'abri avant la période du "Grand Sommeil" mais il avait été impossible d'obtenir des renseignements sûrs à ce propos.

Pendant le même temps, la communauté qui s'était formée autour du Gardien et des Protecteurs s'organisait. Une vie nouvelle prenait son essor et ce havre résonnait à nouveau de chants et de rires. Deux pôles principaux demandaient beaucoup d'énergie et d'attention : la restauration du Havre et la sécurité. Très vite, il s'est formée des petites compagnies qui avaient pour mission de patrouiller aux alentours de Ceven et dans tout le Harlindon. Des messagers aussi avait été formés pour garder un lien entre les différents refuges elfiques : les Havres Gris, Foncombe, la Lorien. On se tenait également informé de ce qui se passait dans le monde des Hommes. Il n'était pas rare, qu'assez discrètement, les Compagnies de Ceven Galad viennent en aide ponctuellement aux hommes. Pour prévenir tout danger, l'information était vitale.

A ce jour, voici ce qu'on peut savoir et dire à propos de Finaël. Il est à présent quelque part sur les chemins et j'ignore s'il est près d'atteindre son but. J'attends avec impatience, comme tous ceux qui sont ici, son retour. Si la vie continue à Ceven, je surprends parfois quelques visages tristes et inquiets qui regardent le Grand Pont qui enjambe l'Océan, vide : le Gardien n'est pas là. Son sourire simple et son silence manque à tous.

Quand il reviendra, car je suis sûr qu'il reviendra, je pourrai ajouter quelques pages à ce récit pour prolonger l'histoire du Gardien et de Ceven Galad.

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II- L'histoire de Finaël (suite) selon Lenwë, Maître des Chants de Ceven Galad. (Rédigée en l'an 1360 du 3A)

Voilà près d'un siècle que ce livre, celui de l'histoire du Gardien, avait été refermé. Celui que je considère comme mon ami et Seigneur, s'en était allé sur les chemins d'Endor à la recherche du Joyau Perdu qui devait rendre à Ceven Galad sa splendeur d'antan.

Pendant longtemps, nous restâmes sans nouvelles, ignorant où se trouvait le Gardien et s'il était encore en vie. Cette période d'incertitude fut pesante pour tout le monde. Puis, un jour, des messagers de Ceven Galad rapportèrent des rumeurs qui circulaient sur une étrange Communauté qui faisait parler d'elle. En effet, ses membres avaient réalisé d'incroyables et d'improbables prodiges. On racontait que cette Communauté était composée d'hommes mais aussi d'un nain et d'un elfe, un elfe blond. Tous crurent, à Ceven Galad, qu'il s'agissait d'un conte inventé de toute pièce par quelque esprit facétieux. Mais, au fil du temps, les rumeurs s'enflèrent et s'apparentèrent de plus en plus à de véritables témoignages.

Pourtant, je n'osais trop entretenir de faux espoirs. Car si, effectivement, l'elfe blond appartenant à cette Communauté, que certains appelaient les « Tisseurs », était Finaël, que faisait-il parmi eux ? N'était-il pas censé chercher le Joyau Perdu de la Terre de Lumière ? Ces informations semblaient totalement contradictoires avec ce que nous savions et il était très probable que l'elfe blond de cette Communauté ne soit pas Finaël.

Toutefois, un jour, un messager arriva à Ceven Galad. Il demandait à ce que le Seigneur Saelbeth rejoigne aussi rapidement qu'il lui serait possible la ville d'Anuminas en apportant avec lui l'épée du Gardien, Hyandacalë. En effet, Finaël, s'il était parti avec un sabre elfique, avait fait le choix de laisser Hyandacalë à Ceven Galad. Nous savions enfin que Finaël était vivant ! Partout sur Ceven Galad ce ne fut que chants et joie.

Le Seigneur Saelbeth, celui que Finaël considérait comme son frère, revint en Terre de Lumière après sa mission accomplie. Il avait vu Finaël et rencontré les Tisseurs et put satisfaire la curiosité de tous. Il nous apprit, entre autres, que Finaël s'était détourné de sa quête initiale, à savoir retrouver le Joyau Perdu de Ceven Galad, pour faire face à de nombreux dangers qui mettaient en péril la sécurité des Peuples Libres, aux côtés des autres membres de cette Communauté des Tisseurs.

Pour que le Gardien choisisse d'abandonner sa quête du Joyau perdu, il fallait, à n'en pas douter, que les périls qui menaçaient soient extrêmement inquiétants. Le Seigneur Saelbeth nous confia que, malgré tout, la quête du Joyau Perdu n'était peut-être pas pour autant une cause perdue. En effet, l'une des tâches que s'étaient fixés les Tisseurs, était de retrouver et de mettre à l'abri un grand nombre d'artéfacts que l'Ennemi convoitait pour renforcer sa puissance. La Pierre Bleue, la Pierre de Ceven Galad, sans que cela ne me surprenne outre mesure, était l'un de ces artéfacts. Il n'était donc pas impossible, même si c'était loin d'être certain, que les Tisseurs finissent par retrouver le Joyau Perdu.

Puis, à nouveau, nous restâmes longtemps sans nouvelles. Les Tisseurs, avec lesquels Finaël ouvrait, parcouraient la Terre du Milieu, se rendant là où l'urgence le nécessitait, dans des lieux lointains, dangereux et souvent inaccessibles.

Tous, à Ceven Galad, nous craignions pour la vie de notre Seigneur et ami car nous savions, dorénavant, qu'il était aux prises, en compagnie des Tisseurs, presque constamment, avec les serviteurs de l'Ennemi. De temps à autre, des nouvelles nous parvenaient quand les Tisseurs accomplissaient un nouveau prodige. Ainsi, indirectement, nous savions que Finaël était toujours de ce monde.

Puis un jour, alors que chacun vaquait à ses occupations sur la Terre de Lumière, le Gardien apparut. Je devrais dire « les Gardiens » car il n'était pas seul.

Finaël avait profité d'un court répit, entre deux aventures avec les Tisseurs, pour venir nous rendre visite. Quelle joie indicible de revoir le Gardien parmi nous ! Nous étions comme des orphelins de cour, avides de sa présence.

Mais quelqu'un était à ses côtés, une elfe sauvage d'une incroyable beauté, remarquable même chez les elfes. Et, à y regarder de plus près, Finaël arborait exactement la même apparence, tout aussi sauvage que celle qui l'accompagnait.

Je mesurais alors tout le chemin qu'avait parcouru mon ami sur les chemins de son destin. Cette elfe sauvage, d'une beauté sans égale, était, à n'en pas douter, la compagne et l'amante de notre Gardien. Cela crevait les yeux. La puissance du lien qui les unissait était fascinant. Tout, dans leurs regards, leurs attitudes, leurs gestes, leur totale harmonie incarnée dans un synchronisme permanent et parfait, traduisait, exprimait la puissance de l'amour qui les unissait.

Je constatais pourtant que cette puissance avait des proportions hors du commun. N'importe quel couple amoureux rayonnait et exprimait le sentiment qui les unit, cela n'a rien d'extraordinaire et c'est une chose merveilleuse. Mais là, on était face à quelque chose de très différent à cause de l'intensité, de la force de ce lien qui se manifestait à un point tel que même un aveugle aurait perçu l'énergie pure qui émanait de ce couple.

J'ai commencé par croire que cet amour entre ces deux êtres était exceptionnel et que c'est cela qui expliquait l'intensité de leur rayonnement. Mais, peu à peu, je commençais à pressentir que la puissance de l'aura qui les nimbait se nourrissait d'une seconde source qui venait se mêler, s'ajouter pour ainsi dire à l'intensité première.

Mais quelle était donc cette seconde source qui venait transfigurer, magnifier, décupler la lumière de leur amour ?

Là encore, il me fallut un certain temps pour comprendre alors que j'avais la réponse sous les yeux. En effet, il suffisait de les regarder, d'observer leurs habits, les fins ornements qui décoraient leur visage et leur corps, la façon dont le vivant, notamment les végétaux et les animaux, réagissait à leur approche pour constater combien était immense leur amour pour tout ce qui vit, pour Arda.

Quand je pris conscience de cela alors je compris instantanément quelle était la seconde source qui se mêlait inextricablement à la lumière de leur tendre affection. Il s'agissait de l'amour qu'ils éprouvaient pour Arda et, aussi incroyable que cela puisse paraître, de l'amour qu'Arda éprouvait pour ce couple.

La rencontre, l'union, de ces amours inextricablement mêlés, associés, provoquait cet incroyable rayonnement perceptible par tous de façon plus qu'évidente.

Par contre, ce qui m'échappait encore, c'est le rôle exact que jouait l'elfe sauvage, incroyablement belle. Bien sûr, elle était au cour de cet amour mais je devinais qu'elle jouait un rôle fondamental, et qu'elle n'était pas étrangère à ce fascinant rayonnement. Elle n'était pas simplement la compagne, l'amante, elle était autre chose.Je m'interrogeais.

Soudain, j'eus la réponse, magistrale, juste devant moi.

Chacun était venu, tour à tour, pour saluer le Gardien et sa compagne. A la fin de la journée, alors que les visites s'estompaient et que le couple eut un moment pour lui, leurs regards se croisèrent. Ce fut littéralement une étreinte, aussi puissante que si cela avait un geste physique. J'étais sidéré. Et je le fus encore plus quand je vis l'effet de cette étreinte. Ce fut soudain comme si la nature, aux alentours, se réveillait, comme si les couleurs se ravivaient, comme si les arbres chantaient avec le murmure de l'océan. En moi, ce fut instantané, je savais, irréfutablement, que Dirn'Arda se manifestait, là, sous mes yeux ébahis.

Alors, je sus qui était l'elfe sauvage et quelle était sa place dans ce mystère antique et pourtant éternellement renouvelé qu'il m'était donné de contempler. Elle était l'exacte contrepartie féminine du Gardien, elle était la Gardienne. Mieux encore, ensemble, inextricablement, indubitablement, ils étaient Dirn'Arda, ils étaient les Amants Eternels.

Dirn'Arda, ce n'était pas Finaël OU l'elfe sauvage. Dirn'Arda, c'était Finaël ET l'elfe sauvage. L'un sans l'autre, Dirn'Arda n'existait tout simplement pas.

Un étrange sentiment m'étreignit le cour. Qui était donc celui que j'appelais « Finaël » et que je considérais comme mon ami ? « Finaël » ? Ce nom me semblait soudain inapproprié, étranger à celui qui se tenait devant moi. Allait-il me reconnaître ?

Le soir tombait. Je sortis enfin de l'ombre et m'avançait vers eux. Falaen, le grand loup, un ancien ami de Finaël, s'était couché à leurs pieds comme s'il les protégeait. Si le loup avait reconnu l'elfe et réciproquement, alors peut-être que j'étais encore l'ami de celui que j'appelais autrefois « Finaël ». Je m'arrêtai indécis, hésitant. Le loup et l'elfe avaient dressé l'oreille simultanément. L'elfe se leva et vint vers moi tandis que sa compagne, qui s'était levée également, attendait en retrait.

- Maître Lenwë ! J'attendais votre venue ! Qu'il est bon de revoir un ami !

Quand je croisais ce regard gris-vert que je connaissais si bien, tous mes craintes s'envolèrent instantanément. Certes, celui qui se tenait devant moi n'était plus Finaël mais, paradoxalement, je le reconnaissais. Il était cet elfe d'autrefois mais transfiguré par l'amour qu'il vivait, son amour pour cette merveilleuse elfe sauvage et son amour pour Arda. Et il y avait autre chose. Une puissance latente qui dormait quelque part au fond de ses yeux verts. Une puissance vigilante qui était perceptible dans le chant du vent dans les arbres ou dans le murmure de l'océan, une puissance qui avait un nom et que j'avais entrevue : Dirn'Arda.

Je restais un moment sans voix, submergé par l'émotion. Comme il m'avait manqué ! J'espérais sa venue, je voulais que Ceven Galad retrouve son Gardien, qu'elle brille à nouveau de nos amitiés d'autrefois.

- Je suis honoré, Seigneur ! fis-je en mettant une main sur le cour.

En vérité, je n'arrivais à me résoudre à utiliser son nom d'antan, cela me paraissait déplacé.

- Seigneur ? Maître Lenwë, abandonnez ces titres ! Je vous considère avant tout comme un ami. Puis-je vous présenter Apruivë ?

- J'en serai heureux, mellon.

Apruivë s'avança avec une grâce ineffable. Rien d'affecté ni de calculé. Une grâce infiniment naturelle, inconsciente et insolente. Elle s'approchait avec la douceur d'une brise d'été. Elle avait la souplesse du félin et ses muscles saillants roulaient sous sa peau à chacun de ses mouvements déliés. Elle s'arrêta une fois parvenue à ma hauteur :

- Maître Lenwë, je suis heureuse de vous rencontrer. Finaël m'a souvent parler de vous et aujourd'hui je peux enfin mettre un visage sur cette amitié.

Je fus comme assommé. Sa présence, à l'instar de celle de Finaël, était telle qu'elle m'englobait, m'entourait de toute part. Et sa voix. Sa voix. Cet impossible mélange qui mêlait le suave et l'âpre. Et sa beauté. Sa beauté. Ma première réaction fut de me dire que je me trouvais en présence d'une antique déesse de la nature. Je me souvins, à cet instant, d'étranges rumeurs qui étaient venues jusqu'à Ceven Galad. Il était question de Seigneurs de la Forêt, certains parlaient même d'esprits de la nature. Je comprenais, parfaitement, à présent, d'où venaient ces rumeurs et ces légendes naissantes.

Mon regard glissa sur Finaël qui contemplait les vagues qui mouraient, là-bas, sur la plage. Et sa beauté me frappa aussi. Elle ne m'était pas apparue aussi brutalement que celle d'Apruivë car je le connaissais. Mais en faisant l'effort de l'observer d'un oil neuf, sa beauté masculine était la parfaite contrepartie de cette beauté féminine.

Tous les deux n'avaient plus l'apparence d'elfes conventionnels. Leur vie en plein air, au cour d'Arda, et sur les chemins, avec les Tisseurs, les courses permanentes, les combats répétés avaient permis à leur corps d'atteindre un degré inimaginable de perfection. Ils étaient bien plus musclés que la plupart des elfes et dans chacun de leur mouvement on voyait nettement leurs muscles saillir et rouler sous leur peau, prêts à répondre à la moindre sollicitation avec une puissance difficilement concevable. Leur peau était hâlée, cuivrée par le soleil et les intempéries. Les multiples ornements végétaux sur leur corps mettaient en valeur leur stature athlétique tout en exprimant le lien profond avec la nature. Arda les avait sculptés, jour après jour, avec une maîtrise et une perfection inimitable. Ils émanaient d'eux une formidable puissance physique mais, plus globalement encore, une puissance de Vie. Comme si leur puissance physique était décuplée par la puissance d'Arda. Je finis par reprendre mes esprits.

- Nous attendions le Gardien mais immense est notre joie d'accueillir celle qui marche à ses côtés. C'est une surprise qui me remplit d'allégresse.

- Cette joie est partagée, Maître Lenwë. Finaël semble se languir de la mer, nous autorisez-vous à prendre congé de vous un petit moment ? demanda-t-elle dans un splendide sourire.

- Vous n'avez nullement besoin de mon autorisation. Je vous laisse découvrir les merveilles de la Terre de Lumière, allez en paix !

Je m'attendais à les voir s'éloigner, d'un pas paisible, comme de simples promeneurs. Mais il n'en fut rien. Ils s'élancèrent avec une grâce, un synchronisme et une vitesse sidérante. Ils coupaient court en dévalant les rochers en direction de l'océan. Ils avalaient les obstacles en bondissant avec une grâce époustouflante qui en disait long sur leur totale symbiose avec la Nature. Un véritable ballet. Ils furent sur la plage dans le temps de deux ou trois respirations. Ils abandonnèrent leurs vêtements et s'avancèrent dans l'eau, complices et amants. Je ne parvenais pas à détacher mon regard de leurs silhouettes. Il y avait quelque chose de féérique qui émanait d'eux.

A grand regret, je me détournais enfin et poussait un soupir d'aise. Dirn'Arda s'en venait fouler la Terre de Lumière, et sa force s'incarnait au travers des Amants Eternels qui, au loin, riaient dans les vagues, bercés par la lumière du couchant.

Je m'arrêtais brutalement. « Amant Eternels ». Cette expression m'était venue naturellement. Mais elle était parfaitement exacte. Tout comme les elfes restaient éternellement jeunes, ainsi il en serait aussi de leur amour. Bercés tendrement par l'amour d'Arda, ils seraient comme un Eternel Printemps. Non seulement leur amour ne faiblirait pas mais, avec le temps, il deviendrait plus lumineux, avec un pouvoir grandissant capable d'étendre son influence d'une manière inimaginable.

De puissants orfèvres avaient tenté, jadis, de manière artificielle, à l'aide de puissants artéfacts, de conserver la lumière originelle du monde. Ils avaient échoué. Les « Amants Eternel », eux, ne sont pas des Joailliers qui taillent des pierres. Ils sont les Joailliers de la Vie, de l'Amour. Ils ne sculptent pas des pierres. Ils sont eux-mêmes des « Pierres Vivantes » sculptées par Arda elle-même. Ainsi, les « Amants Eternels » sont nimbés de lumière tels des Joyaux Vivants.

Deux démarches opposées pour tenter de parvenir au même résultat : l'une artificielle, qui a échoué, l'autre vivante, merveilleuse, féérique.

Puis je songeais que Dirn'Arda, en réalité, n'était pas étranger au Chour de Résonnance et à tous ces artéfacts. Finaël et Apruivë n'étaient-ils pas également porteurs également de la Pierre Bleue et de la Pierre Pâle ? Dirn'Arda n'était-il pas plutôt, en définitive, un lien vivant qui rassemblait tout ce qui vit, tout ce qui existe, un lien entre le minéral et le vivant ?

Certes, c'était encore ténu, comme une puissance en sommeil qui ne demande qu'à s'éveiller. Mais, je le pressentais, l'aura des Amants Eternels s'étendrait de plus en plus, avec une puissance de plus en plus grande.

Et je ne sais pourquoi, une nouvelle intuition fit son apparition en moi. Je me rappelais avoir demandé à Finaël pourquoi il appelait la Pierre Bleue parfois « Sarvanda », c'est-à-dire la Pierre du Serment. Il était resté assez évasif à ce sujet. Néanmoins je savais que « Sarvanda » était lié « Restmân », la Coupe de l'Adieu.

En effet, quand les elfes apprirent que deux d'entre eux resteraient à jamais sur la Terre du Milieu, ils décidèrent qu'en quittant Arda, ils déposeraient une larme d'âme, « Nimnan », dans la Coupe d'Adieu en hommage au Dirn'Arda.

Je n'avais guère insisté car cela est pour moi un sujet douloureux.

Sarvanda implique Restmân, autrement dit, le Serment implique l'Adieu.

Le Serment, c'est celui que fait Dirn'Arda à Arda, le serment de rester aux côtés d'Arda jusqu'à la fin des âges. Ce serment implique donc un adieu, celui que tous les elfes encore présents sur la Terre du Milieu feront un jour à Finaël et Apruivë quand ils entreprendront le Grand Voyage, le Voyage Sans Retour.

Puisque Finaël et Apruivë ont fait le serment de demeurer auprès d'Arda, ils ne rejoindront jamais le Pays d'Aman, ils n'accompliront jamais le Grand Voyage. Cet adieu sera définitif et irrévocable.

Un jour donc viendra où je devrais dire adieu à mon ami, à mon seigneur, avec les derniers elfes qui demeurent encore sur la Terre du Milieu.

Alors viendrait le temps, pour les Amants Eternels, les Eternels Elfes de la Nuit, de boire à la Coupe de l'Adieu afin qu'ils portent en eux, à jamais, la puissance et les Hautes Lumières Elfiques. A travers eux et la lumière qui les envahirait, les Elfes demeureraient, d'une certaine façon, sur Arda.

Je m'interrogeais.

Qui seraient-ils alors ? Que seraient-ils ? A quoi ressembleraient-ils ?

J'aurai tant aimé les voir grandir dans la Lumière de leur Amour et dans la Puissance du Dirn'Arda.

Mais cela me restera à jamais caché.

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L'histoire de Finaël selon Maître Aléas.


Maître Aléas a rencontré la Communauté des Tisseurs, pour la première fois, probablement aux alentours de 1355 du TA.

Il deviendra, à la demande de Finaël, le chantre des Tisseurs.

Au fil du temps, il s'établira une longue relation d'amitié entre le barde, fasciné par les elfes depuis toujours, et Finaël.

Ainsi, Aléas, produira de nombreux récits et chants au sujet de cet elfe, notamment à l'époque où ce dernier accompagnait les Tisseurs.

Si, aujourd'hui, un grand nombre de ces récits et de ces chants nous sont parvenus au sujet de Finaël, hélas, en ce qui concerne les nombreuses aventures des Tisseurs, bien peu de choses nous sont connues.

Certains pensent que les écrits concernant les Tisseurs ont été délibérement détruits pour des raisons qui sont diverses et qui sont loin de faire l'unanimité chez les partisans de cette thèse.

Le lecteur trouvera donc, dans ce qui suit, divers récits et textes relatant ce que fut la vie de Finaël à l'époque des Tisseurs.

Nous commencerons par le texte connu sous le titre "Apparitions". Bien qu'il ne fut pas le premier de la main de Maître Aléas, il est considéré cependant la pierre d'angle.

Les récits ou chants suivants seront donnés selon un ordre chronologique bien qu'abordant des sujets fort divers.

Il nous semble utile de préciser que Maître Aléas, bien que n'étant qu'un homme, avait connaissance de bien des choses que même beaucoup d'elfes ignoraient. Nous attribuons donc une très grande valeur à ces écrits.


APPARITIONS

(Manuscrit découvert à Theid Mor et attribué à Maître Aleas)

Je les ai vus.

Et je ne puis faire autrement que rendre compte de cette rencontre.

Quelque chose d'impérieux, d'incontournable me pousse, me contraint à vous livrer mon témoignage.

L'aube se levait dans la brume d'un petit matin d'automne. Ce ne furent d'abord que de pâles silhouettes, comme des apparitions qui auraient surgi de nulle part.

Ils marchaient silencieusement, comme des fantômes. Je crus d'abord que j'étais victime d'un songe éveillé mais quelque chose me disait qu'il ne s'agissait point d'un rêve.

La première ombre que je vis était grande, vêtue d'un cape qui la rendait à peine visible. Elle se déplaçait sans effort et sans bruit. Ses yeux étaient attentifs et vigilants. C'était un homme, à n'en pas douter, un de ceux qui ont scellé un pacte avec la Nature et la Terre. A première vue, il avait l'allure d'un vagabond et ses habits usés par les intempéries semblaient me conforter dans cette idée. Mais quelque chose dans son maintien démentait cette impression. Puis j'aperçus l'épée dans un fourreau étrange, recouvert de signes et de symboles que je ne connaissais pas. L'arme semblait longue, une lame qui devait être maniée à deux mains.

Puis, sur sa droite, surgit de la brume un être trapu et large d'épaules. Une longue barbe noire séparée en trois tresses ornées avec soin d'anneaux d'argent, comme les étoiles ornent le manteau de la nuit, couvrait le haut de son poitrail. Les cheveux longs portés en queue de cheval laissaient voir son oreille droite fendue prolongée par une longue cicatrice marquant le coté de son visage comme taillé dans la roche. Il avait son arme à la main, une sorte de marteau dont l'un des côtés ressemblait à un bec de rapace. Il émanait de cet être une aura d'assurance et de force. Bien qu'il paraisse petit aux côtés de son compagnon, une évidence m'apprenait que pour autant, il n'en détenait pas moins de vigueur et de puissance. C'était un guerrier nain sans doute aussi redoutable que les légendes laissent l'entendre.

Tout à coup, sur la gauche, apparut une petite silhouette. C'est à peine si je la discernais tant elle était furtive et silencieuse, revêtue elle aussi de cette cape grise qui la rendait difficilement perceptible. A peine plus d'un mètre, marchant pieds nus et semblant tout à fait à son aise dans ce cadre naturel. Son regard était rieur bien qu'il ne semblait pas moins vigilant que ses compagnons. Régulièrement sans ralentir sa marche, il grignotait ce qui était sans doute un fruit. Cela ne pouvait être qu'un Semi-Homme.ceux dont parlent les contes.

Soudain, je crus entendre un bruit sourd, étouffé, comme le pas d'un cheval. Et effectivement, un cavalier sortit à son tour de la brume. Il chevauchait avec nonchalance laissant à sa monture le soin de choisir son chemin. Sa tête était protégée par un casque dont le sommet s'ornait d'une longue touffe noire. Il était aussi habillé d'une cape sur laquelle ruisselaient les gouttes de rosée matinale. C'était un homme également mais d'une autre race que le premier. Celui-ci appartenait à ce peuple de cavaliers dont la renommée n'est plus à établir.

Je méditais sur cet étrange assortiment de compagnons qui semblait irréel tant la raison achoppait sur ce qui pouvait réunir des êtres aussi dissemblables quand apparut légèrement en arrière de cet étrange groupe une dernière silhouette qui semblait nimbée d'une pâle lumière.

Je me frottais les yeux, cela ne pouvait pas être. J'étais en train de rêver. Je rouvris les yeux et cette fois-ci je le vis dans toute sa réalité. C'était un de ces êtres dont on dit qu'ils n'existent que dans les légendes. C'était un elfe. Il marchait avec eux, il était l'un d'entre eux. Il marchait.en fait il glissait ou flottait sur le sol avec une grâce que je n'avais jamais imaginée. Il était jeune. Non. Son apparence était juvénile mais, tout dans son être, laissait transparaître une sagesse hors du temps. Il arborait une longue chevelure blonde et lumineuse qui flottait librement sur ses épaules. Un arc et des flèches étaient fixés dans son dos, ainsi qu'un sabre dont j'apercevais la poignée.

Non seulement cet être féérique faisait route avec ceux qui le précédaient mais quelque chose laissait deviner que des liens d'amitiés les unissaient.

C'était inconcevable. Toute ma raison se rebellait contre le spectacle que m'offraient mes yeux.

Je restais ébahi et sans réaction quand l'homme qui marchait en tête fit un bref signe, quasi imperceptible. Ils se figèrent dans un ensemble parfait. Ainsi immobiles, ils devenaient presque invisibles. J'aurai pu passer à moins de vingt mètres sans même les remarquer.

J'étais à me demander pourquoi ils avaient fait halte quand je réalisai qu'ils avaient dû détecter ma présence.

J'étais pétrifié. Je ne savais que faire. Partagé entre un désir de fuite qui me paraissait stupide tant j'étais sûr qu'ils m'auraient rejoint sans effort et un désir plus puissant que le premier qui me poussait à marcher à leur rencontre, je restais stupidement sur place.

L'homme de tête avait la main sur la garde son épée. Le nain faisait face à ma position, les deux jambes bien campées, l'arme à la main. Le cavalier avait délaissé sa nonchalance et était sur le qui-vive prêt à la lancer sa monture au grand galop. Le Semi-Homme avait disparu. ainsi que l'elfe.

Peut-être ces deux-là s'étaient-ils simplement mis hors de vue. Je me demandais ce qui allait se produire quand soudain un objet acéré vint exercer une pression légère mais convaincante entre mes deux omoplates.

Je devins livide de peur. Soudain une voix telle que je n'en avais jamais entendue, avec des inflexions qui semblaient appartenir au chant bien qu'il parlât, m'invita à avancer :

- Ne faites aucun geste qui pourrait être interprété comme une menace et avancez calmement vers mes compagnons.

Je m'exécutai aussitôt, tout à la fois convaincu par la menace de l'arme dans mon dos et par l'irrésistible séduction qui habitait la voix.

Je parcourus la cinquantaine de mètres qui me séparaient de l'homme et du nain. Je sentais la créature dans mon dos plus que je ne l'entendais. Ce devait être l'elfe.

Au moment où je stoppais ma marche, le Semi-Homme réapparut comme par enchantement. En fait il n'avait pas bougé mais j'ignore par quel artifice il était devenu invisible.

Bien que prudents, les personnages semblaient avoir compris que je ne représentais aucune menace sérieuse pour eux.

Comme je m'y attendais, c'est l'homme qui marchait en tête qui prit la parole. Il aurait été inexact de dire que c'était leur chef car chacun d'eux semblait agir en toute liberté. Mais il était leur voix, celui qui parlait en leur nom.

- Etrange rencontre dans les brumes d'un petit matin d'automne. Vous voudrez bien nous pardonner cet accueil peu chaleureux mais la prudence et la circonspection sont hélas de mise si l'on veut se prémunir de certaines mésaventures.

La voix de l'homme était grave et chaude. S'il parlait de manière affable en cet instant, il conservait toutefois toute sa vigilance. Il prit le temps d'observer attentivement celui qui lui faisait face et ajouta :

- A qui avons-nous l'honneur ?

Muet de surprise et d'étonnement je mis un certain temps avant de réaliser que l'homme venait de me poser une question et qu'il attendait une réponse. Je tentais de me ressaisir et dans ma hâte je bafouillais quelques mots incompréhensibles. Je vis un sourire apparaître sur leur visage. Je devais offrir un bien piètre spectacle. Aiguillonné par la colère que j'éprouvais à mon encontre devant tant de stupidité, je me repris et annonçais de la voix la plus assurée que je pus :

- Je suis Aléas, barde de mon état et je suis venu en ces lieux chercher repos et tranquillité pour méditer. Notre rencontre est tout à fait fortuite bien que je me réjouisse de faire la connaissance de.tels Seigneurs.

En vérité je ne savais comment les qualifier. Nul doute qu'il s'agissait de grands Seigneurs, la noblesse transparaissait de manière évidente dans leurs manières, leurs attitudes. Mais néanmoins ils étaient accoutrés comme de simples voyageurs. Il n'y avait chez eux nulle arrogance, nulle condescendance comme trop souvent on en voit chez ceux qui possèdent, à quelque degré que ce soit, une forme de pouvoir.

A mon tour, je les observais attentivement. L'elfe, qui à nouveau avait disparu, revenait avec une brassée de bois mort. Le Semi-Homme, bien qu'il n'y eût entre eux aucun échange de parole, avait agi de concert avec l'elfe en préparant un foyer sommaire à l'aide de quelques pierres trouvées ici et là. Au moyen de quelques brindilles et mousses sèches, avec la célérité que confère une longue habitude, il prépara l'amorce d'un feu. Quand les premières flammes jaillirent, l'elfe s'accroupit avec douceur près du Semi-Homme et disposa avec soin sur le feu naissant les branches qu'il avait ramenées. Bientôt une petite flambée s'élevait claire et chaleureuse dans la petite clairière. Le cavalier s'était laissé glisser avec souplesse de sa monture et avait tiré des fontes de sa selle quelques récipients de voyage qu'il apportait à son tour près du feu. Le Petit Homme fouilla dans son sac de voyage pour en extraire ce qui devait être des plantes à infusion. Quand l'eau parvint à ébullition dans le récipient le plus grand qui avait été calé sur le feu, il y jeta une poignée d'herbes.

Un arôme suave et accueillant s'éleva presque instantanément. Le tout n'avait pris que quelques minutes et chacun avait agi silencieusement en parfait accord avec les autres. Cela dénotait une longue expérience de vie en commun. Seul l'homme et le nain étaient restés face à moi, sans bouger afin d'offrir l'élémentaire courtoisie qui sied à de telles conditions.

D'un geste l'homme m'invita à prendre place près du feu et dès que je me fus installé, l'un après l'autre les compagnons s'assirent également autour du foyer. L'infusion bouillante fut répartie dans de petits bols qui furent distribués à chacun. Quelques denrées furent sorties des sacs, à la plus grande joie du Semi-Homme qui semblait apprécier cette pause agrémentée de grignotages.

Apparemment, le groupe n'avait pas prévue cette halte et ils mettaient à profit cet arrêt dû à ma présence. Ainsi ils respectaient les élémentaires règles de courtoisie sans pour autant perdre du temps sur le trajet qui les menait à leur destination.

Ragaillardi, par la douce chaleur du petit feu et de l'infusion combinés, je me risquais, de nouveau, à prendre la parole. Ma voix était plus assurée cette fois en raison de l'attitude accueillante et bienveillante de mes hôtes.

- A n'en pas douter, vous êtes ceux dont on parle dans tous les environs.les.Ortanatsë, c'est bien ainsi que vous vous présentez, n'est-ce pas ?

- C'est exact mais nous avons également des noms dit l'homme des bois avec un éclat rieur dans les yeux. Je suis Arlan. Je laisse le soin à mes compagnons de se présenter eux-mêmes.

Je saluais de la tête l'homme des bois à l'évocation de son nom. Il me répondit avec la même affabilité. Je crus reconnaître sur le fourreau de son épée ce que j'avais remarqué plut tôt ce qui, peut-être, était des runes elfiques. A n'en pas douter, cet homme, ou du moins sa famille, avait des relations avec les elfes depuis fort longtemps. Ainsi habillé, avec son regard clair des Hommes du Nord, ce devait être un de ces rôdeurs dont on parle parfois comme étant des Dunédains, les descendants d'un peuple et d'un Royaume aujourd'hui plongés dans l'oubli. Cet Homme était une énigme et son apparence de vagabond était démentie par la qualité des armes qu'il portait et certains ornements que j'avais aperçus.

Un silence s'était formé et je compris que je devais reporter mon attention sur les autres, pour entendre ce qu'ils avaient à dire. Le premier à intervenir fut celui qui avait pour nom Gunard. Son regard était clair et franc, sans une once de roublardise, il était évident qu'il disait ce qu'il pensait.et qu'il pensait ce qu'il disait.

- On me connaît sous le nom de.Gunard. Je compte chacun des compagnons, présents ici, au nombre de mes amis et je marche avec eux vers le destin qui m'est réservé.

Pas de tournures alambiquées, un langage clair et percutant. Il disait la vérité mais ne dévoilait rien. Il avait d'ailleurs même hésité à livrer son nom, dévoilant par là un être secret et prudent. Sa voix était forte et grave en cet instant mais agréable. J'imaginais aisément qu'elle pouvait devenir rocailleuse, puissante comme un torrent de montagne ou comme la marche d'une armée. Bien des choses transparaissaient au travers de ses vêtements, de ses armes, de son visage et j'aurais pu découvrir bien des choses en l'observant et en l'écoutant davantage mais le cavalier s'apprêtait à prendre la parole. A regret, je me détournais de cet être que j'aurais voulu découvrir plus avant et je me fixais sur celui qui chevauchait.

- Je suis Eodrec, fils de Méathec. Je chemine avec les Ortanatsë depuis peu mais je crois que, d'ors et déjà, je suis déjà lié à son histoire et à son destin. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Maître aléas.

Une vive lueur d'intelligence brillait dans son regard. Les mots semblaient, dans sa bouche, comme des outils ou des armes. Bien que fort jeune, il semblait déjà rompu à l'art de la diplomatie. Toutefois, cela ne semblait pas être son seul talent car pour l'avoir vu chevaucher, il devait être aussi à l'aise sur une selle que dans une salle d'audience. Il portait d'ailleurs le casque, qu'il avait à présent retiré, des Eothrem et chacun sait qu'ils sont de redoutables combattants et cavaliers. Je songeais que j'aurais aimé aussi faire plus ample connaissance avec ce jeune homme avec lequel je me sentais des affinités quand une voix surprenante attira mon attention. Il s'agissait du Semi-Homme :

- Je suis Théo, jardinier de mon état.et à dire vrai je me demande souvent ce que je fais ici dans cette incroyable histoire. D'ailleurs, si je revenais au pays, ce jour, pas un Hobbit ne croirait la moitié du début de mon récit. Ce qui est sûr, c'est que le monde des Grandes-Gens est sans aucun doute le plus étrange et déroutant qui soit...Voulez-vous goûter un peu du pain de voyage que j'ai concocté avec art, Maître Aléas ?

Je souris avec bonheur aux propos de ce petit homme. Du bon sens à revendre, un sens pratique à toute épreuve et assurément un trait de bonne humeur, de jovialité dans cette Communauté qui, à priori, ne portait pas à rire. J'acceptais avec bonne grâce le morceau de pain proposé avec tant de gentillesse et qui s'avérait effectivement fameux. Ce Semi-Homme était aussi un cuisinier qui possédait un art consommé. J'en étais à me régaler de ce simple morceau de pain quand je sentis un regard pénétrant se poser sur moi. Je faillis m'étouffer avec le morceau que j'avalais. Je gigotais quelques instants sur la souche qui me servait de siège, comme si je cherchais une position plus confortable et je toussai poliment pour faire passer la bouchée de nourriture. Enfin, après ce petit manège qui ne dû laisser personne dupe, je levai le regard pour croiser celui de l'elfe. Ses yeux étaient lumineux et je compris à cet instant pourquoi on les appelait aussi, parfois, les Fils des Étoiles. L'éclat qui y scintillait trouvait son origine, à n'en pas douter, dans la lueur scintillante des astres célestes.

- Mae govannen, Maître Aléas. Je suis Finaël. C'est une heureuse rencontre. Vous voudrez bien me pardonner l'accueil peu chaleureux que je vous ai accordé en premier lieu. Mais je crois que vous êtes à présent rasséréné et quelque chose me dit que, de cette rencontre, un grand bien adviendra.

Rien de plus, il en avait fini et il n'y avait rien à ajouter. Il détourna le regard pour contempler je ne sais quelle ombre, ou branche de la végétation car à n'en pas douter il avait senti combien son regard me déstabilisait. Je repris donc un peu de mon assurance, encore un peu sonné comme si j'avais reçu un mauvais coup sur la tête.

Je méditais quelques instants, autant pour mémoriser chaque nom et chaque visage que pour réfléchir à la façon dont j'allais poursuivre. Je décidais de laisser parler mon cour, en toute simplicité.

- Les rumeurs, et parfois même ce qu'on pourrait appeler des légendes, courent à votre sujet.

Pas un d'entre eux n'ajouta quoique ce soit mais leur silence attentif équivalait à une invitation à poursuivre. Je toussotais un peu afin de me donner plus d'assurance que je n'en n'éprouvais réellement.

- On raconte que vous venez de fort loin.ce qui, vu vos origines, me semblent pour le moins logique et que maintes et maintes fois vous avez combattu l'Ennemi. On dit aussi qu'aucun serment d'allégeance ne vous lie à quelques Seigneur ou Roi que ce soit et que vous n'avez nulle autre Maître que votre propre jugement. On affirme aussi que nombre de puissants de ce monde vous tiennent en haute estime, notamment de grands Seigneurs Elfes. On dit aussi.on dit encore beaucoup de choses à votre endroit...

Je m'arrêtais attendant une réaction, une réponse. Ce fut l'Elfe qui prit la parole. Quand il est question de légendes, qui mieux qu'un être de légende peut parler en connaissance de cause ? La suavité de sa voix me surprit à nouveau.

- Il est tout à fait certain que bien des rumeurs circulent à notre sujet. Il y en a certaines que nous pourrions confirmer et d'autres, sans doute, tout à fait imaginaires que nous pourrions nier. Mais il nous faudrait beaucoup de temps pour faire le tour de la question... Et vous, que croyez-vous ?

Pris au dépourvu, je conservai quelques instants de silence afin d'élaborer une réponse juste et vraie. Je réalisais qu'à leur contact, par le simple fait de les voir en chair et en os, une grande partie des rumeurs se justifiait.

- Et bien pour commencer, il ne fait nul doute que vous veniez de loin. Vos origines diverses l'attestent. Pour ce qui est de votre absence d'allégeance à quelque Seigneur ou Roi que ce soit, cela me semble aussi assez évident : quel homme de pouvoir sur la Terre du Milieu pourrait tout à la fois régenter des races aussi diverses que les vôtres ?

Je fis silence quelques instants avant de poursuivre.

- Dès lors, il me semble évident que vous n'avez nul Maître hormis vous-mêmes. Mais à dire vrai, c'est sans doute le Maître le plus exigeant.d'autant plus que, à ce qu'il me semble, ce Maître dont il est question, n'est pas un potentat fantasque avide d'assouvir des désirs d'ambition ou de gloire, mais ne peut être que le représentant de chacun de vous, autrement dit des Ortanatsë. Or il m'apparaît que votre Communauté représente avant tout la totalité des Peuples Libres et par là donc, la Terre du Milieu.

J'étais sidéré des conclusions que je venais de tirer. Je venais d'affirmer en toute tranquillité des choses qui étaient loin d'être évidentes et que je n'avais pas su, jusque-là, découvrir par moi-même. Je réalisai à l'instant même, que je venais d'être initié à la puissance spirituelle des Ortanatsë. A n'en pas douter, l'Elfe en retournant la question, assisté par l'aura de cette Communauté, venait de me répondre par ma propre bouche.

Je commençais à prendre la mesure de la puissance de cette Compagnie. Il ne s'agissait pas seulement d'intrépides aventuriers et de redoutables guerriers, harcelant l'Ennemi dans de multiples escarmouches. Il se dégageait d'eux, à cet instant, une tout autre dimension, bien au-delà d'un simple groupe de combattants aussi courageux et favorisés des dieux soient-ils. Ils étaient des Seigneurs mais pas au sens habituel du terme, c'étaient des Maîtres. En réalité, ils étaient bien plus que ce qu'on pouvait en percevoir.

Le rôdeur leva les yeux vers l'horizon et au même instant un frisson sembla parcourir chaque membre de la Communauté comme s'ils communiquaient entre eux en se passant de mots. Alors que le rôdeur prenait la parole, simultanément les compagnons se levèrent et chacun ouvra pour lever le camp en un temps record :

- Nous sommes dans l'obligation d'écourter cette rencontre, au demeurant fort agréable, mais une longue route nous attend Messire Aléas. Adieu, que les Valars vous protègent.

Je me levais à mon tour, constatant que tous étaient déjà prêts à se mettre en route. Je réalisais à peine que l'entrevue se finissait que déjà ils s'éloignaient et disparaissaient comme des ombres.

Voir leur rapidité de réaction, l'efficacité de leurs mouvements, la coordination et l'harmonie qui régnait entre eux faisait froid dans le dos quand je songeais à ce que cela pouvait signifier en terme de combat. Ce devait être des adversaires redoutables. Le peu de temps passé avec eux, jamais je ne les ai vus se heurter ou se bousculer, même légèrement, en se déplaçant, comme si chacun d'entre eux connaissait exactement l'autre, comme s'il ne formait qu'un seul et même organisme. Pareillement en ce qui concernait la prise de parole, aucun d'eux n'empiète sur les propos de l'autre, ils se complètent et se respectent.

Alors au cour du combat ? J'essayais mentalement d'imaginer ce que cela pouvait donner. Cela dépassait mon entendement et ce qui est sûr, c'est que je n'avais aucune envie de me retrouver un jour parmi ceux qui les affrontent. Contre de tels adversaires, on doit avoir l'impression, non pas de combattre un groupe de guerriers mais plutôt une espèce.d'entité. avec de multiples visages. Comment ne pas être saisi d'une sourde terreur quand le marteau, la lame et la flèche ne semblent faire qu'un comme s'il s'agissait d'une arme magique ?

J'en étais là de mes réflexions quand je sursautais en prenant conscience que l'Elfe, celui qu'on appelait Finaël me regardait, immobile. Il avait laissé ses compagnons le devancer et il se tenait près d'un arbre, presqu'invisible tant par l'allure et l'apparence que par une sorte d'harmonie totale qui semblait le happer et le couvrir d'un voile d'invisibilité. Cela s'apparentait à. de la magie. oui, ce devait être ça, de la magie elfique.

- Soyez sans crainte. Nous nous reverrons. Bien après votre mort, votre nom demeurera dans les mémoires car vous aurez consacré votre existence à chanter notre histoire. A vous, je vous le dis, nous serons appelés « Tirnendor » par l'ennemi, ce qui signifie « Les Gardiens de la Terre » car toujours et partout nous nous dresserons contre lui. Quant aux Peuples Libres, ils nous connaîtront sous le nom d' « ORTANATSË », ce qui signifie en langue commune «Les Tisseurs de l'Aube» car là où nous irons, les Fleurs de l'Espoir s'épanouiront.

Et il disparut, vraiment, comme un nuage de brume qui se dissipe. Et de fait, la brume matinale d'automne se dissolvait rapidement et soudainement un soleil glorieux fit son apparition inondant la clairière de lumière.

Avais-je rêvé ? N'était-ce qu'une apparition ?

Cette rencontre me bouleversa à tout jamais et, toujours, une part de moi-même doutera de la réalité des faits. Mais si, ils étaient là, j'ai entendu leur voix, j'ai vu leur visage.

Et je connais leur nom.

Désormais je chanterai pour eux...et pour nous.